La conduite du changement doit faire sens (interdit ?)


Comme vous le savez, notre boutique se trouve au 3, rue de Birague dans la petite rue qui relie la Place des Vosges à la Rue Saint Antoine. Notre rue est étroite et elle est donc en sens unique. Jusqu’au 11 mai, elle se « descendait », c’est-à-dire qu’elle s’empruntait de la Place des Vosges vers la rue Saint Antoine et puis tout à coup, la Mairie a décidé sans concertation avec les riverains d’inverser le sens de circulation.

Sens de la circulation après le 11 mai 2020. Les panneaux Sens Interdit ont été recouverts de plastique.Photo ©Bringfrancehome

Ça, c’est sur le papier, parce que dans les faits, notre rue est devenue une rue à double sens ! Il y a ceux qui respectent le nouveau sens de circulation et ceux qui ne respectent pas les sens interdits nouvellement installés. Quand ils se rencontrent, cela donne lieu à des échanges fleuris. La rue s’anime enfin. En ces temps d’accalmie touristique, on prend ce que l’on a !

Rue de Birague : tout le monde roule dans le mauvais sens, deux mois après le changement


Bonnes citoyennes, nous avons alerté la municipalité car nous sommes face à une situation dangereuse : c’est un miracle qu’il n’y ait pas encore eu d’accident grave. Nos alertes sont restées sans effet.

Le constat

Cela fait donc maintenant près de 4 mois que cette situation ubuesque dure. Et inévitablement nous nous posons des questions auxquelles nous allons essayer de répondre.

Est-ce la présence de la Galerie UBU dans la rue qui génère cette situation ?


Non Paola, Pierre et Guillaume n’y sont pour rien ! Ils sont juste là pour vous accueillir dans leur charmante boutique qui est en plein changement. A la rentrée, vous pourrez voir vos bijoux se créer sous vos yeux puisqu’une partie de l’Atelier de fabrication des magnifiques bijoux UBU va s’installer directement dans la boutique.

Galerie UBU
Ce n’est pas parce que c’est ubuesque que c’est de la faute d’UBU. Photo ©Ububijoux

Est-ce une conduite du changement mal menée ?

OUI, OUI, OUI et nous allons essayer d’analyser ce qui est à l’origine de ce changement complètement raté. Ce qui se passe dans notre petite rue est un cas d’école.

Le changement est généralement accepté quand il fait sens

a) Ce qui motive le changement doit être du solide

Quand on veut changer quelque chose, cela doit être pour apporter une amélioration. Dans le cas présent, le changement de sens de circulation de la rue de Birague est simplement une conséquence d’un autre changement : depuis le 11 mai, la rue Saint Antoine (prolongation de la rue de Rivoli jusqu’à la Place de la Bastille) est devenue une grande piste cyclable. Les voitures sont personae non grata. Donc il était hors de question que la rue de Birague déverse son flot de véhicule sur un axe devenu interdit.
Aïe, aïe, aïe, on part déjà sur un plan foireux…

b) Le changement nécessite une communication sans faille pour recueillir l’adhésion de tous

Il n’y a eu aucune information des riverains, aucune information des parties prenantes : ainsi les services de nettoyage de la voirie, La Poste, La Police Municipale la Police Nationale, tous continuent d’emprunter la rue dans le mauvais sens. Quand on leur dit qu’ils roulent en sens interdit, ils nous regardent comme si nous étions folles et nous rétorquent tous invariablement : « nous ne sommes pas au courant »
Seuls les Pompiers et la Garde Montée respectent la nouvelle signalisation routière.

c) Ne pas lésiner sur les coûts associés au changement

A part la pose des deux nouveaux panneaux de sens interdit sur l’arche du Pavillon du Roi côté Place des Vosges, rien n’a changé. Pas de marquage au sol, pas de désactivation du feu de signalisation à l’angle de la rue de Birague et de la rue Saint Antoine.De plus les nouveaux panneaux sens interdit ont déjà été vandalisés 2 fois… Ils ont été tournés une première fois, puis recouverts de peinture noire une deuxième fois.

Le sens interdit a été peint en noir dans la rue du 23 juillet 2020. Les automobilistes récalcitrants peuvent emprunter la rue dans le mauvais sens en toute impunité.

d) Si on veut savoir si on a réussi, on doit mettre en place des mesures qui valident que le changement a porté ses fruits

Trop facile de juste poser deux nouveaux panneaux de sens interdit et de s’imaginer que tout le monde va adopter les nouvelles règles. Et bien non, ça ne fonctionne pas comme ça. Personne n’est venu sur le terrain pour voir comment cela se passait, personne n’est venu sensibiliser les riverains sur le changement. Le risque à ce stade, c’est juste qu’on passe d’un système laxiste à un système répressif où les amendes vont couler à flots.

Nos propositions pour réussir ce changement

Ah oui, c’est vrai, les Français ont cette réputation de vouloir prendre part à toutes les décisions, ont toujours leur mot à dire et en plus, dans tous les cas, ils râlent. Mais pas que… ils peuvent aussi être force de proposition !

Est-ce que cela n’aurait pas plus de sens de rendre la rue de Birague piétonne et arborée ? Parce qu’in fine, la rue Saint Antoine étant interdite à la circulation, qui sont les benêts qui vont remonter la rue de Birague pour ensuite se retrouver déportés vers le Boulevard Beaumarchais ? Ce serait certainement la meilleure solution tant qu’à faire, mais si nous devons continuer avec la situation actuelle, il nous semble primordial de :

  • Prévenir Waze, Google Map et consorts : à l’heure où j’écris ce billet, Google Maps indique toujours l’ancien sens de circulation.
  • Masquer le feu de signalisation.
  • Installer un stop quand on arrive sur la Place des Vosges avec un marquage au sol qui attirera l’attention des conducteurs qui hésiteront (peut-être ?) avant de franchir une ligne blanche.
  • Déposer sur les pare-brises des riverains un petit document qui les informe du changement et qui les prévient qu’à partir d’une date définie, il n’y aura plus aucune tolérance (sous-entendu, les prunes vont tomber).
  • Mobilier deux agents de la circulation pendant 1 semaine pour expliquer le changement aux récalcitrants.

A bon entendeur, salut !

5 réponses sur « La conduite du changement doit faire sens (interdit ?) »

Dans le Parisien ce matin, il y a un interview d’Ariel Weil (maire de Paris Centre) dans lequel il dit que la piétonnisation est une priorité et qu’il faut réduire la place de la « bagnole »

On a fait une pétition pour la piétonnisation de la rue de Birague. Elle a été signée par la quasi-totalité des commerçants, sans effet. En attendant, la rue de Rivoli est certes vide, mais on se tape tout le trafic rue de Birague avec des rixes tous les jours entre ceux qui roulent dans le bon sens et ceux qui roulent dans le mauvais sens.

Admirablement bien écrit et une situation bien analysée ! Des situions simples et pragmatiques… Mais Comment toucher nos élus ? Telle est la question. Visiblement aucun n’habite ce quartier…

Les commentaires sont fermés.